Discours de Luc Rémond
Chers amis,
J’ai choisi de débuter mon discours par une citation de notre philosophe Voreppin Serge Papagalli.
« Mais il va où le monde ? »
Elle résume bien l’état d’esprit général sur l’état du monde et de ses conséquences. Les crises économiques, les risques sanitaires, la violence et l’insécurité, les agriculteurs, les services publics, la crise politique et institutionnelle, les guerres, autant de sujet qui mobilisent l’attention et alimentent les peurs. Et pourtant tous ces sujets ne sont pas nouveaux. Une petite vidéo a circulé ces dernières semaines sur les réseaux sociaux : je me suis amusé à revoir les vœux de nos présidents de la République successifs depuis Georges Pompidou, soit 50 ans de notre histoire politique et sociétale.
Cela fait 50 ans que nos chefs de l’État font le bilan d’une « année difficile » en égrainant tous ces sujets. Si bien que, en paraphrasant Raymond Devos, on peut dire que « la situation d’hier, pour n’être pas pire que celle d’aujourd’hui, n’en était pas meilleure non plus ! ». Ce qui bat en brèche le fameux « c’était mieux avant ».Et pourtant !
Le populisme n’a jamais été aussi prégnant dans nos sociétés occidentales. Comme l’a exposé le 1er ministre dans son discours de politique générale le 14 janvier dernier, nous sommes passés du monde de la force de la loi au monde de la loi de la force ». Le populisme oppose le peuple aux élites politiques. Le populisme se nourrit de la démagogie et cherche à diviser, le populisme est à la racine de la crise de la démocratie que nous connaissons. Et quand les démocraties sont faibles, la porte est grande ouverte pour que les régimes totalitaires puissent mettre en œuvre le goulag ou Auschwitz, dont nous venons de célébrer la libération il y a quelques jours.
Cette crise de la démocratie se manifeste de plusieurs symptômes :
1 / Les faibles participations aux élections locales ou nationales.
Sauf à Voreppe, qui a toujours eu un taux de participation supérieur à la moyenne nationale2 / La crise de vocation des élus locaux : selon l’association des maires, depuis les élections de juin 2020 ce sont 2 400 maires qui ont démissionné et on dénombre 57 000 sièges de conseillers municipaux vacants.
Du jamais vu !
3 / La mauvaise image des partis politiques, accentuée par les événements politiques de 2024, avec la dissolution et la motion de censure. 82 % des Français ont une mauvaise opinion des partis politiques, selon un sondage réalisé en octobre 2024
Cette crise de la démocratie génère une crise de la citoyenneté. La citoyenneté ne peut être réduite à un ensemble de droits. Elle repose sur le civisme et la participation active de tous dans la vie de la Cité. Elle repose sur la séparation de la sphère privée et de la sphère publique où les individus agissent pour l’intérêt général et non pas au nom d’intérêt privés. Elle repose sur la raison, au sens cartésien du terme, et non sur la passion dans son acception la moins noble.
Trois chercheurs Suisses ont mené une étude portant sur les discours prononcés à l’Assemblée nationale entre 2007 et 2024.
Celle-ci conclut que l'Assemblée nationale s'est progressivement transformée en une « scène de spectacle, où la rhétorique émotionnelle prend le pas sur la raison. » Les débats au Conseil municipal sont heureusement plus sereins, plus respectueux et plus rationnels que le triste spectacle qu’il nous est donné de voir à l’Assemblée nationale. Heureusement que le Sénat n’est pas tombé dans ce travers. A Voreppe, on peut aussi se réjouir d’avoir des habitants engagés et investis dans la vie de la cité, nous avons eu l’occasion de l’évoquer au début de cette cérémonie.
Je tiens à remercier ici, à mon tour, les Voreppins qui s’investissent au sein des instances de démocratie participative que sont nos comités de quartier, et le Comité citoyen, issu des états généraux. Mais, parce que tout le monde n’a pas forcément le temps de s’engager de manière régulière et sur la durée, je remercie également les Voreppins qui participent plus ponctuellement à la vie citoyenne.
→ En assistant aux réunions publiques organisées à chaque fois qu’un sujet important le demande,
→ En prenant part aux divers temps de concertation,
Parmi les projets qui ont fait l’objet de concertations, je citerai :
→ Le futur centre de loisirs,
→ Le passage de la semaine scolaire à 4 jours,
→ Les projets d’aménagement comme le secteur de Chapays-Champ de la cour, la place Armand-Pugnot,
→ Mais aussi des projets plus locaux débattus au sein des Comités de quartier.J’exprimerai ici un regret : celui de ne pas voir un public plus nombreux que les 4 ou 5 fidèles Voreppins qui assistent aux séances du conseil municipal. C’est un temps important de la vie municipale et citoyenne, un lieu de débats entre élus qui permet de connaître les décisions, mais surtout comment et pourquoi elles sont prises.
En paraphrasant Simone de Beauvoir, je pense que « On ne naît pas citoyen, on le devient » notamment par l’éducation.
Je félicite de nouveau nos jeunes du Conseil municipal d’enfants et de jeunes pour leur engagement pour Voreppe. L’école, puis le collège sont bien le terreau d’une citoyenneté active. L'école et l'éducation sont les fondements sur lesquels repose notre avenir collectif. Elles ne se limitent pas simplement à l'acquisition de connaissances, mais elles sont aussi des vecteurs de transformation, d'émancipation et de progrès. L'éducation nous ouvre les portes du monde, nous offre les outils nécessaires pour comprendre les défis auxquels nous faisons face et contribuer positivement à la société.
Elle façonne nos esprits, nourrit notre curiosité, et nous apprend à penser de manière critique.C'est à travers elle que naissent les idées nouvelles, les innovations, et les citoyens responsables. En investissant dans l'éducation, nous investissons dans un avenir meilleur pour tous. Dès mon premier mandat j’avais fait de l’école une priorité. Mon second mandat s’est inscrit dans cette continuité. L’intégration du numérique dans nos écoles représente aujourd’hui un enjeu stratégique pour l’avenir de nos enfants. Dans cette optique, et pour anticiper des défis futurs, nous avons pris la décision de lancer un plan ambitieux visant à câbler les bâtiments scolaires et à renouveler les équipements informatiques et numériques de nos établissements scolaires de la maternelle à l’élémentaire.
Nous mettons en œuvre cette initiative dès 2025, afin d’accompagner la modernisation de nos infrastructures et de promouvoir une pédagogie innovante, interactive et collaborative.
Il va de soi que, dans un monde où le numérique est devenu un moyen d’apprentissage indispensable, il est impératif d’offrir à nos jeunes générations les outils nécessaires pour s’adapter aux mutations rapides de la société. Cet investissement n’est pas seulement une réponse à une nécessité technique, mais un levier indispensable pour assurer la réussite de nos enfants dans un monde de plus en plus connecté et digitalisé. Avec 4 groupes scolaires, un collège, un lycée privé d’enseignement professionnel et 2 établissements d’enseignement spécialisé sur la commune, ce sont des milliers d’élèves qui accèdent à la connaissance.
Merci aux nombreux enseignants qui chaque jour consacrent leur énergie, leur patience et leur passion à façonner les esprits et à transmettre les savoirs et les savoir-faire. Grâce à eux, comme l’écrivait Victor Hugo, « Chaque enfant qu’on enseigne, est un homme qu’on gagne ».
Dans une société qui devient de plus en plus fractionnée, communautaire et individualiste, la question du lien social est primordiale. Ce lien social peut s’exprimer par la solidarité : envers les plus fragiles, envers les plus démunis.
Je tiens à remercier Les Restos du Coeur, et le Secours populaire qui proposent, depuis 1 an à l’espace Rosa Parks une distribution alimentaire pour les plus démunis. Grâce à eux, ce sont plus de 50 familles qui ont pu bénéficier de cette solidarité. Si je ne suis pas sûr qu’il faille se féliciter du succès de cette opération, je suis sûr que nous devons remercier ces deux associations pour leur mobilisation. Mais le lien social c’est aussi la relation à l’autre, les relations autres que l’on tisse au fil de la vie.
A ce titre, nos associations jouent un rôle essentiel.
Voreppe compte 200 associations enregistrée au Répertoire national des associations (chiffres juin 2024).
Que ce soit dans les domaines du sport, du loisir, de la citoyenneté, de la culture, du social, de l’histoire, du patrimoine, de l’éducation, elles participent à l’épanouissement individuel et collectif. La Municipalité accompagne et soutient les associations car elles sont au cœur de la vie sociale. Elles sont à la croisée des chemins entre éducation, culture et valeurs.
Je remercie tous les dirigeants et les bénévoles pour leur engagement dans cette vie « sociale ». Dans ce paysage associatif, nos seniors sont particulièrement présents et engagés et pour cela, nous les en remercions. Et j’encourage les Voreppins qui ne l’ont pas encore fait à rejoindre une ou plusieurs associations, selon leur temps et leurs envies. Aux côtés des associations, je tiens à citer, et remercier, nos commerçants.
Dans un contexte économique difficile, ils se mobilisent aussi dans les temps forts qui animent la vie locale tout au long de l’année. Tisser du lien social, c’est aussi s’ouvrir aux autres, et s’ouvrir l’esprit. C’est développer la curiosité, la tolérance, c’est développer son rapport à l’autre. C’est ce qui fait la force du collectif !
Sur un plan plus personnel, 2025 est la dernière année pleine du mandat, puisqu’en mars 2026, auront lieu les élections municipales. C’est pour moi l’occasion de vous dire, dès maintenant, officiellement, car cette information circulait déjà depuis quelques mois, que je ne briguerai pas un troisième mandat. Mais je porterai les projets en cours et à venir avec force jusqu’au bout de mon mandat. Pour continuer avec Serge Papagalli, après « Mais il va où le monde ? » il y a « Mais il va où Voreppe ? »
Alors Voreppe va bien.
Je voudrais redire que Voreppe est une ville dynamique et attirante : nous avons reçu récemment les chiffres du dernier recensement qui montrent à la fois une légère hausse de la population. Alors + de 10 000 habitants ou pas ? Avec l’État rien n’est simple et selon les catégories prises en compte, on est juste au-dessous ou juste en dessous. Mais le débat n’est pas là.
Ce qui est important c’est de constater aussi que la sociologie de nos habitants a évolué avec un certain rajeunissement, dû notamment à la diversification de l’offre de logements.Cela a eu un impact en termes de naissances, car après des années de baisse régulière, on a pu constater à nouveau une croissance avec 97 naissances en 2024, soit 13 de plus qu’en 2023. Alors des constructions, il en faut et il y en a. Mais nous protégeons aussi notre patrimoine naturel, avec la mise en place prochaine du PAEN, un sigle incompréhensible, pour désigner un périmètre de protection des espaces agricoles et naturels péri-urbains. Ce dispositif est piloté par le Département de l’Isère en lien étroit avec les communes, qui en proposent les contours.
Ce PAEN va sanctuariser de manière quasi définitive, en tout cas sur du très long terme, 74 % de notre territoire communal, c’est-à-dire 95 % de nos espaces naturels et agricoles.
Voreppe est l’une des seules communes de l’Isère à aller aussi loin dans la protection de son environnement. Certes, cela est contraignant, mais cela s’avère nécessaire si nous voulons léguer aux générations futures des espaces naturels de biodiversité, de stockage de carbone, des lieux de loisirs, et des espaces agricoles pour assurer notre autonomie alimentaire. Voreppe est donc bien une ville agréable où il fait bon vivre, et qui doit le rester.Alors parmi les projets qui vont se poursuivre cette année, et sans vouloir en faire une revue exhaustive, je citerai :
• La poursuite et les premières concrétisations du réaménagement de la place Armand-Pugnot. La dernière réunion publique a été l’occasion pour certains habitants d’exprimer certaines craintes ou réticences sur le scénario proposé. Nous avons écouté, et surtout nous avons entendu. Le projet va donc être amendé pour en tenir compte.
• Le démarrage des travaux de rénovation des églises, qui va débuter en février pour la Romane et en avril pour l’église paroissiale Saint-Didier. Je tiens évidemment à remercier les souscripteurs. J’aurai l’occasion, avec Anne Gérin et Marc Descours, de revenir vers eux prochainement. Pour les autres, je rappelle que la souscription est toujours ouverte !
• Il y a notre patrimoine du passé à protéger, et il y a l’avenir à préserver : c’est le sens de notre projet de parc solaire – eau chaude qui assurera à notre réseau de chauffage urbain de fonctionner du printemps au début de l’automne quasiment sans aucun combustible
• Enfin, les études pour l’aménagement du centre de loisirs dans les locaux de l’école Debelle seront réalisées cette année afin d’engager les travaux au plus vite ensuite.
Et dans la perspective du mandat suivant, je soutiendrai celles et ceux qui, non seulement poursuivront ce que nous avons engagé, mais aussi imagineront le Voreppe de demain.Alors pour terminer, je tiens à remercier bien sûr l’ensemble des élus et l’ensemble du personnel municipal. Et bien sûr l’ensemble des forces de sécurité qui agissent sur notre territoire, et plus particulièrement la Gendarmerie et les pompiers. Tous travaillent au service des Voreppins et au service de Voreppe !
Et je vous invite à trouver l’inspiration dans cette pensée de John Kennedy « Le changement est la loi de la vie. Et ceux qui ne regardent que le passé ou le présent sont certains de rater l’avenir. »
Elle nous rappelle que le changement est inévitable et fait partie intégrante de la vie.
Au fond, cette citation nous incite à adopter une vision dynamique de la vie, où il est essentiel de s’adapter au changement tout en restant tourné vers l'avenir, pour ne pas être dépassé par les événements. C'est une invitation à l'innovation, à la flexibilité et à la capacité d'embrasser le futur avec confiance. C’est aussi le vœu que je formule pour chacun et chacune d’entre vous ! Comme l’a dit notre ami Julien Polat dans son discours des vœux, « la poussière que représente la terre à l’échelle de l’univers doit nous enseigner l’humilité. Pour autant, chaque être humain a en lui la capacité de changer le monde ».A ce titre, je citerai deux exemples : Louis Pasteur pour les vaccins et Alexander Flemming pour les antibiotiques. A eux deux, ils ont sauvé des millions, sinon des milliards d’êtres humains, d’une mort prématurée. Alors ne doutons du pouvoir de chacun d’entre nous. 2025 est là, et avec elle, une nouvelle page à écrire ensemble.
Chers amis Voreppins, je vous souhaite une année pleine de rires, de projets et de moments qui comptent.
Que cette année soit celle où nous allons encore plus loin, main dans la main, pour faire de notre ville un lieu d'innovation, de solidarité et de bien-être pour tous. Que chaque bon moment soit reçu comme un cadeau, et que chaque épreuve soit un défi à relever. Des épreuves, beaucoup d’entre nous en auront. N’oublions pas qu’il y a certainement autour de nous un parent, un voisin, un ami, une structure ou une institution prêt à nous aider à nous relever.
C’est notre capacité d’adaptation, ou de résilience pour reprendre un terme plus à la mode, qui nous a valu de pouvoir nous élever au sommet des espèces vivantes. Et puisque j’ai commencé en citant Serge Papagalli, je terminerai en faisant de même, puisqu’on n’est pas des … quand même !
Je vous souhaite une excellente année à vous tous !